Billet — La maladie de la mort

Michel Deguy
par Michel Deguy

L’annonce de la pandémie de la mort est passée au Journal Officiel. La guerre à la mort est déclarée. Les pouvoirs ont promis de faire la transparence : les grands nombres en seront affichés chaque jour.

Cinq siècles après les Grandes Découvertes, la mondialisation du monde resserre les deux hémisphères à double tour. Un par l’Ouest ; un par l’Est. « En même temps » que le temps qu’il fait se défait : un continent brûle, les pôles fondent et les icebergs démarrent en péninsules. Les saisons ne se succèdent plus.

 

Pourquoi nous sommes-nous consolés de la mort de Mozart à 30 et de celle d’Evariste à 20 ? Parce qu’eux, quelques-uns, sont – en étant morts.

Notre condition terrestre se rappelait par le seul enterrement. « Tu retourneras en poussière ». Mais l’humanité en sursaut ne veut plus entendre parler de la mort.

 

Comment en finir avec ? Deux possibilités : l’une en médicalisant une pseudo-immortalité de prolongation eu-thanasique (accouplée au long voyage spatial qui amnésie la condition diurne). L’autre en tournant le bouton des Lumières pour une plongée dans l’hiver nucléaire.

« Le Seigneur » exauce enfin tous les humains. La moitié de l’humanité priait pour la mort de l’autre, et Dieu pareil à Buridan ne savait pas à quels saints se vouer pour satisfaire tout le monde. Maintenant « tout doit disparaître ». C’est Donald qui vous le dit !

 

La mort en ce jardin.

Michel Deguy

Avril 2020