un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Les marteaux

Le matin, quand j’écris des vers silencieux
Qui ressemblent à ceux que j’aurais aimé lire
Et que les passereaux, de leur menu délire,
M’encouragent, parfois trois ou quatre messieurs

 

S’installent dans la cour avec scie et marteaux
Et, cachés par la masse heureuse de l’érable,
Se disposent à faire un bruit considérable
Sans grands égards pour mes desseins transcendantaux.

 

J’ignore la raison pratique de ces coups
Sonnant jusqu’au moment béni du casse-croûte
Et qui devraient en peu de temps mettre en déroute
Ma rêverie avec ses outils et ses clous

 

Délicats. Cependant c’est en juin, tous les sons
Prennent une épaisseur elle-même songeuse
Où la mémoire ainsi qu’une lente plongeuse
S’enfonce toujours plus avant. Puis nous glissons

 

De lueur en lueur, comme dans un sous-bois,
Au rythme régulier de ces clous dans des planches,
Et soudain le soleil sur les façades blanches
Fait briller un matin plein d’oiseaux d’autrefois.