un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Sonnet

à Tommaso Cavalieri

 

Tu sais bien que je sais, mon seigneur, que tu sais
Que je m’en suis venu jouir de toi de plus près ;
Et tu sais que je sais que tu sais qui je suis :
Alors, pourquoi tarder à nous fêter l’un l’autre ?

 

Si l’espoir dont tu m’as bercé n’est pas trompeur,
S’il est vrai que tu vas combler mon grand désir,
Que s’abatte le mur qui les sépare encore,
Car le tourment qu’on cèle est un double martyre.

 

Je n’aime en toi, mon cher seigneur, que cela même
Que tu prises le plus : en vas-tu prendre ombrage ?
Mais c’est un esprit qui s’éprend d’un autre esprit !

 

Ce dont je suis en quête dans ton beau visage,
Ce qu’il m’enseigne, autrui ne peut pas le saisir,
Et qui le veut apprendre doit d’abord mourir.