un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Sonnet sur la mort de Vittoria Colonna

Est-ce merveille, alors que le feu du dehors
S’est éteint qui m’incendiait, si je demeure
Consumé au-dedans d’une cruelle ardeur
Qui, petit à petit, va me réduire en cendres ?

 

Tout en brûlant, je découvrais si rayonnant
Le lieu d’où provenait mon lancinant supplice
Que sa vue seule me donnait contentement
Et que mort et tourments m’étaient fête et délice.

 

Or le Ciel m’a pris la splendeur du grand foyer
Dont mon ardeur était nourrie : je ne suis plus
Qu’une braise, vive encore, mais enfouie.

 

Et si l’Amour ne me fournit point d’autre bois
Qui la rallume, il ne restera plus de moi
La plus petite étincelle : rien que des cendres.