/1 « La France tu l’aimes ou tu la quittes »
Le hasard d’un zapping rétrospectif à la télé, tard le soir, m’a fait reprendre une dose de cette bassesse émise par Sarkozy — une de celles, nombreuses, par lesquelles il va très délibérément frôler les limites de la démocratie, ou par lesquelles il transforme ce régime en simple chose manipulable et méprisable.
C’était là une simple — et ridicule — traduction (!) du vieux « love it or leave it » inventé par les plus réactionnaires d’entre les Américains : un slogan que le grand Robert Crumb, jadis, avait logé dans une bulle que l’Amérique, transformée en une manière de lunaire et grisâtre cul, pétait littéralement à la face du monde.
L’« identité nationale » — vert de grisâtre soupe bessonnienne — (et même si la chose a été concoctée pour détourner notre rage du sujet le plus, ou le seul, sérieux pour Sarkozy : la préservation, voire le renforcement, du droit des riches à s’enrichir), nous crachons dessus.
La France de Sarkozy, nous ne l’aimons pas.
Va-t-il nous forcer à la quitter ?
/2 « Quelle que soit la désespérance… »
Il y a quelque chose de cauchemardesque (comme si la médiocrité morale et politique devenait film de science-fiction) à entendre la voix de savonnette du propret Xavier Bertrand prononcer ces mots sur France Inter ce lundi matin 25 janvier 2010 avant d’invoquer les « lois de la République » pour nous faire glisser sur le traitement indigne que, Sarkozy et Besson regnantibus, on s’est empressé de réserver aux Kurdes de Syrie dont l’embarcation s’est échouée sur un rivage de Corse.
Et il y a quelque chose d’incompatible, aujourd’hui, entre ce qui se passe aujourd’hui en France à l’égard de diverses catégories d’étrangers (ou même de Français que la bessonienne administration à front bovin résiste à reconnaître comme tels) et ce qui, ici, dans Po&sie, s’est toujours cherché dans la liberté active des rapports qu’ouvrent la poésie et la traduction de la poésie.
Claude Mouchard