un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

La gloire

Au vent ils répandaient leurs phrases longues
— oscillant comme écharpes au vent —
le vent mord maintes écharpes par-ci, par-là,
voilà qu’elles sont des nues effilochées —

 

Poète, toujours tu égrènes tes mots au vent
— mille faux-bourdons pour une étreinte royale —
ta plume craque, tu ne sauras jamais
si ta page était marbre ou bien onde —

 

en vain tu poses ta question, tu fixes
dans les yeux ton ange ou ton destin —
parfois l’onde en marbre se fige
et c’est le paradis aux cent mille noms —

 

tu te croyais radeau, tu es le vaisseau-amiral,
tu te croyais ombrelle, tu es le cerf-volant,
toi, pierre inerte, sans aucune lueur,
tu es d’argent, sommet de pyramide —

 

Le plus précieux des marbres révèle tout à coup
des fêlures tenues comme un cheveu,
puis tout craque, s’effrite. Les orgueilleux menhirs
se fondent en tourbillons, happant ton nom dans leurs remous.