un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Théâtre

Au début l’air est bleu comme une moisissure.
Quand le ciel tourne mal c’est un gris désastreux
et le soleil en est réduit à nos cheveux.
Sur nos têtes la pluie assène des biffures.

 

On sent la volonté négative de l’eau.
J’ignore depuis quand cette partie du ciel
était pourrie, son bleu léger, artificiel,
mais elle fait une impression de vieux et faux.

 

Le ciel, dans un parfum d’herbe, part en fragments
liquides, conciliant théâtre et vérité.
Ce bruit d’averse flanque une envie de pisser
folle, comme avoir peur & rire en même temps.

 

Jetés dans le désastre intime du cosmos,
entre l’odeur mouillée de l’herbe et la violence
qui tire nos cheveux éteints, ça nous avance
à quoi d’attendre un soleil dur et couleur d’os ?

 

Une colère sort de nos têtes par gerbes
d’argot muet, elle accentue le vent, la pluie,
mais elle coïncide avec une euphorie
terreuse de nos pieds qui sont des rats dans l’herbe.