Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.
Il a plu cet après-midi
L’infatigable vieux
Bach. Le travail implacable, exact, de tons, de lueurs et de brins
livides. Comme ils se dressent, et encore ; comme ils habillent
le nu de la planète. (Là-bas, dans la rue,
il ne fait que pleuvoir, tomber ; couloirs suspendus et déserts
pour des passants sans lampe.) — Vous l’ignorez. Dans la cuisine assombrie
vous régnez toujours, levant d’une main ferme
la clarté blanche de la nappe, de ma chemise à repasser ; rien qu’un étonne-
ment
sans surprise. La musique n’est pour vous que l’instant, soulevé sans vaines
questions
par une vague de la radio que confirme soudain — comme par inadvertance —
un fragment de chant. Sous l’ordre strict de la blouse, votre peau, neige secrète
rajeunie de vapeurs
savonneuses, mélange discrètement un halètement d’anges fébriles
à l’effondrement des années dans ces ombres mates,
derrière la vitre.