un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Les silencieux

Dédié à Emst Balcke

Un vieux bateau qui, dans le port tranquille
L’après-midi à sa chaîne balance.
Les amants qui après les baisers dorment.
Une pierre qui gît profond dans le puits vert.

 

Repos de la Pythie qui ressemble au sommeil
Des dieux sublimes après un long festin.
Cierges blancs qui font le blême des morts.
Nuages à tête de lions autour du val.

 

Pierre qu’est devenu le rire d’un simplet.
Cruches surannées où gîte encore l’odeur.
Violons brisés dans le fourbi des greniers.
Air lourd précédant l’orage.

 

Une voile que l’horizon fait resplendir.
La senteur de bruyère qui guide les abeilles.
L’or de l’automne qui couronne feuillage et tronc.
Le poète qui dépiste la malice du fou.

Mai 1910