Il y a un charme de Paul Valéry dédié à un « platane », dont le premier quatrain parle de ce qui est « retenu par la force du site ». Est-ce l’homophonie de site à cite ; de situation à citation, qui me dicte cet incipit ? Sans doute. Il s’agit aujourd’hui, 20 octobre 2018, de découvrir la force du site qui va nous retenir, nous faire tenir, davantage chacun à soi, et ensemble.
Quelle est la situation ? demandait Sartre. Le rapport de ce que nous faisons, le nous de cette « Po&sie » faite par tous, à la gravité de l’aujourd’hui, sur laquelle, dans la pause questionnante qui nous assemble ici, nous nous accordons, quelle que soit la singularité des réponses.
Le lexique de site remonte au situs latin (supin de sinere, « placer, laisser, permettre ») pour en venir à la signification prévalente actuelle de « adresse du réseau internet où l’on peut obtenir des informations… ». La pause de cette heure aujourd’hui expose, coïncidant avec la parution du
n° 164 de la revue, le travail de plus d’un an pour l’ouverture du site qui met en ligne l’archive des 40 ans d’une ambition, dont le nom familier de « la poésie » assume les « grandes tâches » : traduire ; donner à entendre les paroles de témoins ; entretenir la réflexion poéticienne philologique, philosophique, imbue des savoirs qui accompagnent, soutiennent, explicitent cet art-de-faire-en-disant : « poiêsis ». Une bibliothèque pour peser les mots.
« Je » suis ici pour remercier – avant de donner la parole à Henri, architecte et artisan du site – Martin Rueff, Claude Mouchard, Hédi Kaddour, Laurent Jenny, Gisèle Berkman, Guillaume Métayer, Richard Rand, Tiphaine Samoyault, Laurent Zimmermann, et, « in absentia », Marielle Macé, Pierre Oster et Peter Szendy… Et, bien entendu, les très proches, qui sont (comme) nos correspondants entourant la revue de leur fidélité lectrice, adonnés si non abonnés, et dont j’aperçois ici quelques présences.
Comment remercier Geneviève Bouffartigue, notre éditrice, sage-femme accoucheuse de chaque numéro que Belin fait paraître ? Presque impossible. Elle n’a pas pu venir, je la salue en notre nom.
Voici le déroulement : Henri prend le temps de l’explicitation des capacités du site et de son fonctionnement. Puis prendront parole à leur gré quelques-uns d’entre nous pour soutenir l’opportunité de cette archi-revue, et de toute l’opération : successivement Laurent Jenny, Hédi Kaddour, Claude Mouchard, Guillaume Métayer et Martin Rueff pour finir, c’est-à-dire pour relancer demain…
Michel Deguy