Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.
Sonnet
à Tommaso Cavalieri
Ce n’est pas toujours faute grave ni mortelle
Que de brûler pour un prodige de beauté
Si le cœur en est attendri de telle sorte
Qu’un trait divin y puisse aisément pénétrer.
L’amour s’éveille : il dresse, il empenne ses ailes
Et ne fait point obstacle au vol des passions vaines ;
C’est le premier degré où, vers son Créateur
Dont elle a toujours faim, l’âme prend son essor.
L’amour auquel je songe tend vers les hauteurs.
Mais tout autre est celui des femmes : un cœur sage
Et viril ne doit pas se consumer pour elles.
L’un mène vers le Ciel, l’autre attache à la Terre ;
L’un dans l’âme est logé, l’autre habite les sens
Et décoche sa flèche à vil et bas objet.