Tu as quatre fois vingt ans, comme disait l’autre
Et si je compte bien 29200 fois
Chaque fois unique l’aube du monde
Le monde mondoye, dit la bonne traduction
L’unité de temps est la syllabe
Je l’entends dans ma tête où la langue se parle
Elle a ma préférence. Qui quoi ?
La dite en poème, qui n’est pas le noème
Le se-parler ou se traduire dont la chose
N’est rien qu’on puisse montrer du doigt
Comme Saussure faisait de l’arbre à la fenêtre genevoise
Ceci n’est pas une pipe je tire ma référence
Et joue plutôt dans l’arbre étymologique
J’essaye avec fréquence parce que la communion fréquente
Est devenue grâce à toi la fréquente communauté
De gré à gré passe la grâce reconnaissante
Malgré l’assignation de la haute-fréquence à la seule IA
L’imagination au pouvoir, disaient-ils naguère…
Quel pouvoir reconnaître au poème, quand dire c’est faire ?
Ce que peut un poème s’exerce sans relâche
Au rapprochement des incomparables présentables
Le bon poème est infaillible
Je te dédie mon préférable un demi-siècle après :
« Quand le vent pille le village
Tordant les cris
L’oiseau
S’engouffre dans le soleil
Tout est ruine
Et la ruine
Un contour spirituel »
Michel Deguy
Juillet 2020