À l’évangile selon Jean Luc

Michel Deguy
par Michel Deguy

Pour l’anniversaire de Jean-Luc Nancy.

 

Tu as quatre fois vingt ans, comme disait l’autre

Et si je compte bien 29200 fois

Chaque fois unique l’aube du monde

Le monde mondoye, dit la bonne traduction

 

L’unité de temps est la syllabe

Je l’entends dans ma tête où la langue se parle

Elle a ma préférence. Qui quoi ?

La dite en poème, qui n’est pas le noème

Le se-parler ou se traduire dont la chose

N’est rien qu’on puisse montrer du doigt

Comme Saussure faisait de l’arbre à la fenêtre genevoise

                                     Ceci n’est pas une pipe je tire ma référence

                                     Et joue plutôt dans l’arbre étymologique

 

J’essaye avec fréquence parce que la communion fréquente

Est devenue grâce à toi la fréquente communauté

De gré à gré passe la grâce reconnaissante

Malgré l’assignation de la haute-fréquence à la seule IA

 

L’imagination au pouvoir, disaient-ils naguère…

Quel pouvoir reconnaître au poème, quand dire c’est faire ?

Ce que peut un poème s’exerce sans relâche

Au rapprochement des incomparables présentables

 

Le bon poème est infaillible

Je te dédie mon préférable un demi-siècle après :

 

« Quand le vent pille le village

Tordant les cris

L’oiseau

S’engouffre dans le soleil

 

Tout est ruine

Et la ruine

Un contour spirituel »

 

Michel Deguy

Juillet 2020