Billet — Beyrouth

Michel Deguy
par Michel Deguy

Beyrouth. Un symbole ? Non. Une allégorie ? Non.  Une métaphore ? Non.

Théâtre du monde « in quo prodimus » (Descartes) – tragiquement, aujourd’hui masqués. Un monstre montrant ce qu’il advient de toute société dans son ingérabilité implosive sans issue politique.

C’était la « poudrière » ? C’est la poudrière en explosion ; le ralenti-accéléré de l’autodestruction. Un Hiroshima autochtone (malgré les dénégations imbéciles des responsables, Aoun ou Hezbollah, imputant aussitôt « l’accident » aux attaques de « l’étranger » ! (Suivez mon regard). L’agrandissement heure par heure des « images » n’annonce pas seulement la fin du Liban – que sa population libanaise va quitter.

Le politologue de service aux écrans, qui croit reconnaître la situation, enchaînant avec les « précédents », assourdit et aveugle les audiences « record »… Car ce qu’il veut avant tout éviter, c’est de passer pour réactionnaire, catastrophiste, culturellement incorrect, voire islamophobe.

 

La mutation du rapport peuple-opinion en rapport des gens et des réseaux, c’est-à-dire en jeux, infantilisés et meurtriers en milliards de messages instantanés, « fake » et complotistes, superstitieux et idolâtres, détruit la ci-devant confiance. Le national-populisme, remplaçant le national-socialisme, divise aussitôt une société en deux, autrement dit en guerre civile, que l’État de droit n’intéresse plus. Dont un signe récent plus clair que dix soleils fut en France l’abstention de masse aux dernières élections.

La démocrature, avec son repoussant visage hongrois ou polonais, prépare la métamorphose « chinoise » des sociétés de contrôle, accomplissant la prophétie orwellienne. De la guerre civile – désintégration fulgurante au Liban – les USA sont aujourd’hui le théâtre trumpien, caricatural, sidérant : America first.

Michel Deguy