La comparaison est au cœur de la pensée — donc de la pensée politique et de la politique. Fais-moi entendre tes comparaisons, je te dirai qui tu es. Il n’y a pas de « comparaison de droite » et de « comparaison de gauche » ; ce qui implique que toutes les comparaisons de droite ne sont pas méchantes. Mais, bien sûr, la division politique se fait entendre dans le choix et le style des comparaisons. La comparaison de Sarkozy est ignoble : cœur de son propos, elle passe en boucle à la télé : nous sommes frappés au cœur. Vulgaire, démagogique, et tout littéralement dégueulasse : le flot des réfugiés ou migrants comparé à une canalisation d’eau entrant dans la maison bourgeoise et se « distribuant » entre le salon, la chambre des parents, celle des enfants etc… Dans la circonstance, puisqu’il s’agit de populations sans abri, sans ressources, sans lieu, forçant la « propriété » européenne confortable, son ignominie éclate. Sans plus de commentaire. Le cœur de la pensée-Sarkozy est nécrosé.
Michel Deguy