un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Sonnet

à Tommaso Cavalieri

 

Je ne puis concevoir, si haut que mes pensées
S’élèvent, une autre forme, que ce soit celle
D’une ombre nue ou bien d’un vivant de ce monde
Dont m’armer en défense contre ta beauté.

 

Te quitté-je, il me semble alors si bas tomber
Qu’Amour de tous moyens me prive et me dépouille ;
J’avais pensé par la distance atténuer
Mon mal, et je suis à la mort, car il redouble.

 

En vain tenterais-je de fuir à toutes brides
Pour laisser loin derrière une beauté hostile :
Comment distancerais-je ce qui est plus prompt ?

 

Amour m’essuie les yeux de la main et m’assure
Que de toutes mes peines je serai payé ;
Cher, je présume, à voir ce qu’elles m’ont coûté.