un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Réveil en hiver

Je puis goûter au fer-blanc du ciel — au fer-blanc authentique.
L’aube hivernale est couleur de métal,
Les arbres se raidissent par endroit comme des nerfs brûlés.
Toute la nuit j’ai rêvé de destruction, d’anéantissement —
Une chaîne de gorges coupées, et toi et moi
Nous éloignant peu à peu dans la Chevrolet grise, buvant le poison
Vert des pelouses apaisées, les petites pierres tombales en planches,
Silencieuses, sur des roues de caoutchouc, en route pour la plage.

 

Comme les balcons retentissaient ! Comme le soleil allumait
Les crânes, les os dégrafés face au panorama !
Espace ! Espace ! Les draps de lit tombaient totalement en lambeaux.
Des pieds de berceaux se fondaient en de terribles attitudes, et les infirmières —

 

Chaque infirmière rapiéçait une plaie avec son âme et disparaissait.
Les invités funestes n’avaient pas été satisfaits
Des chambres, ni des sourires, ni des magnifiques gommiers,
Ni de la mer, faisant taire leurs sens pelés comme la Vieille Mère Morphée.