un Poème pour une visite

Poème choisi de façon aléatoire dans notre fonds à chaque visite de cette page.

Sonnet caudé à Giovanni de Pistoia

(sur le plafond de la Sixtine)

 

A travailler tordu j’ai attrapé un goître
Comme l’eau en donne aux minets de Lombardie
(A moins que ce ne soit de quelque autre pays)
Et j’ai le ventre, à force, collé au menton.

 

Ma barbe pointe vers le ciel, je sens ma nuque
Sur mon dos, j’ai une poitrine de harpie,
Et la peinture qui dégouline sans cesse
Sur mon visage en fait un riche pavement.

 

Mes lombes sont allées se fourrer dans ma panse,
Faisant par contrepoids de mon cul une croupe
Chevaline et je déambule à l’aveuglette.

 

J’ai par-devant l’écorce qui va s’allongeant
Alors que par derrière elle se ratatine
Et je suis recourbé comme un arc de Syrie.

 

Enfin les jugements que porte mon esprit
Me viennent fallacieux et gauchis : quand on use
D’une sarbacane tordue, on tire mal.

 

Cette charogne de peinture,
Défends-la, Giovanni, et défends mon honneur :
Suis-je en bonne posture ici et suis-je peintre ?