En-jeu — Traduire Mallarmé

Marcos Siscar
par Marcos Siscar

Un coup de dés, traduit en portugais (Brésil) en 1974, avait déjà une place de premier plan depuis les années 50 dans l’avant-garde poétique brésilienne. A Saõ Paulo, il s’en prépare une nouvelle traduction…

La traduction d’un poème est-elle un travail « créatif » ou « philologique » ? Doit-elle concerner la poésie du présent, ou bien se porter témoin de son époque ? Pour Haroldo de Campos, qui a traduit Un coup de dés en 1974, Mallarmé était assurément un poète de son époque, plus qu’un poète attaché aux valeurs

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Oubli de l’Être — Sous le soleil

Michel Deguy
par Michel Deguy

Nous ne le vénérons plus, nous ne nous en étonnons plus,
nous l’oublions… Mais quelle est donc pour nous la place du soleil ?

Je cherche un ton de chronique, de récitatif plutôt que de récital, et baryton sombre plutôt que ténor léger. A reparler de poésie par surprise avec vous, ni en slam ni en jeux de mots, en rapport avec l’été (solstice et verbe être) ; « poésie » rappelée du fond de sa provenance (« Vieille Déméter méconnaissable au foyer […]

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Kalinine / Kant — La Russie et l’Europe

Michel Deguy
par Michel Deguy

L’exacerbation des nationalismes, le désintérêt pour la culture
et pour l’apprentissage des langues entretiennent la défiance…
Mais quand donc la Russie s’intéressera-t-elle à la ville de Kant ?!

La relation entre la Russie et l’Europe (U.E.) est opaque et encore obscurcie par les récents événements du Caucase. Les échanges sont principalement économiques ; les rapports économiques sont de force, et tendus, souvent dans une ambiance de chantage. Le retour triomphant de l’orthodoxie (au sein d’une régression

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Des possibles au passé — Les vies vacantes

Tiphaine Samoyault
par Tiphaine Samoyault

Un éloge du “re-poser”, temps propice aux fictions… Cet été,
Moby Dick, dans la nouvelle traduction de Philippe Jaworski.

Voilà ce qui me vient en ce temps de rentrée. Avant d’oublier tout à fait qu’une conception du temps qui n’est pas la reprise, est possible.

L’état de vacance ménagé par la lumière d’été, les vacances proprement dites, le mot persienne qu’on n’emploie plus que dans des maisons ailleurs, l’instant qui précède juste […]

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Hommage — Geremek

Michel Deguy
par Michel Deguy

Grande figure de notre temps, à qui aurait dû être confiée
la présidence du Parlement dans une Europe des esprits, Bronislaw Geremek est mort dans un accident de voiture le 13 juillet 2008.

La mort de Geremek m’entraîne dans une tristesse spéciale, énorme, pareille à la pesanteur d’un nageur épuisé — bientôt « noyé pensif (qui) descend ». Pourquoi suis-je contraint à cette « première personne », un peu déplacée, qui se singularise et s’en excuse ? Comment un « étranger », de tant de manières

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Victoires de l'indifférence — De la banalité du mal en régime de fiction médiatique (d’Harendt à Angot)

Gisèle Berkman
par Gisèle Berkman

Tout comme Les Bienveillantes, de Littell, l’autofiction d’Angot,
Le Marché des amants, procède du dévoiement marchand
de la “banalité du mal” au profit d’un accroissement du frisson pervers.

La scène se passe dans la dernière auto-fiction de Christine Angot, Le Marché des amants, estampillée « roman ». Une chambre d’hôtel, à Nice. Ebats de la narratrice et de « Bruno » (Bruno Beausire, plus connu sous l’identité du rappeur sarkozyste doc Gynéco), sur fond de « documentaire en noir et blanc sur la Shoah,

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Voies de la voix — Tempestive deuxième

Claire Malroux
par Claire Malroux

De la difficulté à lire la poésie en public — et à l’entendre lire.

À la suite du texte inaugural de Michel Deguy, je propose ici un pendant qui a trait, beaucoup plus modestement, à une lecture non pas internationale ni nationale mais tout simplement parisienne :

J’ai été contrainte de renoncer pour des raisons de fatigue à une séance autour de la traduction. organisée dans une université […]

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(Dés)esperanto — Remarque sur le culturel international festivalier

Michel Deguy
par Michel Deguy

Obéissant aux canons du culturel et soigneusement calibrés “internationaux”, les festivals de poésie s’alignent. Pour autant,
on ne goûte guère la langue des poèmes…

Pour être financée (ils disent « sponsorisée »), autrement dit « visible » par existence sociale, une manifestation culturelle, ou, disons, le culturel en général, doit être international.

Dans le cas de la poésie, les conditions de sa mise en festival international, c’est-à-dire de sa survie objective (pense-t-on), la rendent précisément insignifiante ; ce qui veut dire :

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